Shanghai

Est ce que Shanghai est une ville intéressante ? Oui. Est ce que Shanghai est une ville agréable ? Non. Voici un peu le résumé de ma semaine passée dans la capitale économique de la Chine Populaire. En venant de Taiwan, en ce début de mois de mars on subit d'abord un choc thermique, on passe de 25° à 1° avec du grésil, puis un choc culturel, bienvenu dans la jungle urbaine où la voiture écrase le vélo et le vélo écrase le piéton et l'usager du métro écrase l'autre usager du métro. On m'avait averti sur l'individualisme du Shanghaien mais c'était au delà de mes craintes. A coté, le parisien fait figure de prince de la courtoisie. Depuis l'aéroport un petit tour de Maglev à 500 kmh et me voici dans la plus capitaliste des villes chinoises

Shanghai a en commun avec New York son développement récent. Il y a 200 ans c'était une bourgade provinciale, il y a 100 ans un comptoir de commerce réputé et aujourd'hui l'un des plus grandes villes du monde. A Shanghai il y a peu de vestiges du passé, peu d'éléments typiquement chinois auquel on peut se raccrocher, très peu de pagode, palais jardin ou temple. Ce qui frappe d'abord c'est la taille de la ville, énorme, immense mégapole tentaculaire. Les stations de métro sont espacées comme des stations de RER, il faut faire une demie heure de marche entre les deux, les autoroutes passent en centre ville et il y a plusieurs niveaux de périphériques, le quartier moderne de Pudong compte une demi douzaine de grattes-ciels plus hauts que le plus haut de New York. La démesure est partout présente.

Ma découverte commence par la visite de l'hyper centre avec la maison du thé construite sur pilotis, et le jardin traditionnel du mandarin Yu. Le jardin est agréable avec le début de la floraison des cerisiers. Le jardin chinois est très codifié, une succession de pavillons trace le chemin du visiteur au travers de petites pièces d'eau, de rocaille savamment disposée et d'arbres taillés en boule.

Le vrai centre historique est celui du Bund sur les berges de la rivière Huangpu. Les années 30 c'est l'age d'or de la ville, celui du boom du commerce, des concessions étrangères, des fumeries d'opium,  des gangsters et des petites pépées. Il y régnait un parfum qui serait un mélange entre les années folles et celui de la prohibition à Chicago. Le front de fleuve est bordée par une agréable esplanade construite à l'occasion de l'exposition universelle, avant c'était une voie rapide bruyante. Le quartier a beaucoup de charme avec ses magnifiques immeubles art déco comme celui des douanes ou de la banque Hong Kong & Shanghai. En face se trouve le quartier futuriste de Pudong avec une spectaculaire skyline. Le gratte ciel le plus célèbre est la tour des perles avec ses 3 énormes boules. La tour Ji Mao à l'air d'un hérisson et sa voisine est plus connue sous le sobriquet de décapsuleur. Le quartier n'est pas accueillant pour les piétons, les grattes ciels sont séparés par des no man's land voire des terrains vagues. J'entre dans un centre commercial ultra moderne, mes autres expériences seront toutes similaires. Des boutiques modernes, du luxe, des grandes enseignes occidentales, mais des prix astronomiques et une clientèle inversement proportionelle. Je me demande comment font les commerçants pour survivre et comment les Shanghaiens peuvent s'acheter ce genre de biens, ou bien tout cela est-il de la poudre au yeux pour colporter la propagande que le niveau de vie chinois est supérieur à celui de l'occidental ?

Direction le quartier de la concession française. Ce lieu a gardé une architecture horizontale avec de belles maisons d'époque qui ne sont pas sans rappeler Tintin et le lotus bleu. Un peu plus loin le quartier de Qi Bao referme l'imaginaire européen, de petites ruelles pavées, des pagodes, des lourdes portes en fer, partout des vendeurs de nourriture que nul français ne serait capable de nommer tant la présentation est étrange et exotique.

La gare de Shanghai comporte une trentaine de quais tous occupés par un TGV chinois flambant neuf. Les locomotives ressemblent furieusement à notre TGV ou au Shinkansen. J'embarque pour un voyage d'une demie heure vers Suzhou. Suzhou, l'une des Venises chinoises, c'est la ville historique au patrimoine exceptionnel que ne possède pas Shanghai. La ville a deux attraits, les jardins et les canaux. Le paysagisme classique chinois, qui cherche à recréer des paysages naturels en miniature, est représenté de façon exceptionnelle dans les neuf jardins de la ville historique de Suzhou, universellement reconnus comme étant des chefs-d'œuvre du genre. Je visite avec respect le jardin de l'humble administrateur dont j'avais beaucoup entendu parler. Ce jardin classique est un chef-d'œuvre du dessin paysager chinois dans lequel l'art, la nature et les idées se sont intégrés harmonieusement en créant des ensembles d'une grande beauté et d'une harmonie pleine de paix. Les perspectives sont multiples et pour un photographe amateur comme moi c'est le paradis, il manque juste un rayon de soleil. Un tour de barque sur les canaux permet de voir des villas qui ne sont pas visibles depuis la route. Je suis un peu déçu de répartir, la ville mériterait d'y rester 2 à 3 jours.

Retoue à Shanghai pour se promener dans le parc de la Paix. Les enfants jouent au diabolos, les parents au cerfs volants et les grands parents effectuent des mouvements de gymnastique ou Qi Kong sur fond de bruyante musique pop.

jardin du mandarin Yu

le lion porte bonheur

le Bund

Pudong

le palais des expositions

Suzhou

Qi Bao

appétissant, non ?

traditions