Baltique

En provenance de Copenhague par train à grande vitesse ICE me voici dans la capitale de ligue hanséatique à Lübeck. La ligue en question n’est pas une compétition de ballon rond mais une guilde de marchands des pays riverains de la Baltique qui ont inventé le marché unique presque dix siècles avant la création de la CEE.

La ville bâtie sur une colline entourée d’eau et de canaux, a su garder une unité et une cohérence architecturale remarquable. La brique alliée à des toits de cuivre très pentus en forme de flèche donne un style balte caractéristique. La cathédrale avec un retable en bois doré à l’or fin  vaut le coup d’œil. L’hôtel de ville en briques noires vernissées dégage une vraie personnalité. Coté mer, en grand port marchand, les vieux gréements qui peuplent le canal contribuent à renforcer l’atmosphère médiévale.

Je prends un petit train régional rouge pour rejoindre la petite ville de Wismar, elle aussi ville hanséatique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.  Nous sommes ici dans un des nouveaux länder de l’ex DDR, celui de Mecklenburg Pomeranie. La ville remarquablement préservée pourrait être un magnifique décor de cinéma grandeur nature. Les rues et les places pavées sont bordées de maisons à pignons aux façades colorées. Deux grandes églises en briques dont l’une spécifiquement dédié aux marins se détachent du paysage. Les Ossies ont eu le bon goût de construire la zone industrielle et portuaire en périphérie.  Le port donne sur la Baltique dont le climat changeant nous apporte des nuages pluvieux. La zone est aménagée en espace piéton et des sloops reconvertis en fast food nordique offre toute sortes de sandwichs à base de harengs qu’ils soient fumés ou marinés.

De Wismar je loue une voiture pour longer la côte jusqu’à l’ile de Rügen. Passage à la très industrielle Rostock et à la préservée Stralsund, fief de la chancelière Angela Merkel.  Un pont futuriste et ergonomique relie le continent à la plus grande ile allemande. L’ile est célèbre pour ses falaises de craies qui ont inspirées les paysages les plus poignants du peintre romantique Casper Friedrich. Après 3 heures de route je rejoins la charmante ville de Binz. Après des vacances à Bled en Slovénie, voici des vacances à Binz. La géographie de l’Europe centrale permet des facéties syntaxiques.

La ville de Binz est une coquette station balnéaire  au charme désuet. Les maisons en bois peintes en blanc donne une atmosphère coloniale incongrue pour un coin si reculé. La Baltique fait face avec des petites vagues mouchetées d’écume dont la blancheur est surlignée par les rayons de lumière qui parent les flots de reflets allant du gris bleu au vert turquoise. Une large plage sablonneuse de 6 km bordée par un long cordon dunaire complète le tableau. Et si tout cela ne suffisait pas à rendre l’endroit inoubliable, d’étranges cabines en osier impeccablement alignées ponctuent la plage à intervalle régulier. Ces Strandkröppe font figure à la fois de cabine pour se changer, de coffre pour les affaires de bain, de siège et de coupe vent. Elles sont numérotées et décorées à l’effigie des hôtels du front de mer. A Chaque chambre correspond une cabine.L’eau n’est pas aussi fraiche que la géographie pourrait le laisser penser. La faible profondeur de la mer permet un réchauffement plus rapide que l’Atlantique. Une grande et belle jeté s’enfonce dans la mer et sert de point de départ pour les excursions en mer.

Le centre ville est tout aussi avenant et les villas cossues alternent avec des commerces de proximité. En tournant le dos à la mer, un petit lac entouré de tourbière est un lieu idéal pour les promenades. Un ingénieuse petit parc pour enfants avec pour thème l’eau ravi mon petit garçon. A proximité la gare abrite une légende roulante en la personne de Rasender Roland, la célèbre locomotive à vapeur. Ce n’est pas un train touristique mais bel et bien une ligne régulière de la Deutsche Bahn.

Il est difficile de parler de l'Allemagne sans parler de la saucisse. Plus que la bière (car consommée aussi par les enfants) elle symbolise la gastronomie germanique. La Bratwurst de décilne en 3 prosuits que l'on trouve partout : la wiess saucisse balanche, la Currywurst (étrange association !), et la classique que l'on appelle Bratwusrt. De curieux vendeurs ambulants avec un mini gril devant et à l'arrière 2 réservoirs (un de moutarde et un de ketchup). La saucisse n'ets jamais vendue seule, elle est invariablement servie avec un petit pain blanc.

Un peu plus loin, l’histoire devient plus insolite et dramatique avec le complexe de Prora. Un incroyable hôtel de 5 km de long construit sous Hitler par les nazis pour y loger les ouvriers en vacances. Le monstrueux bâtiment gris aurait du contenir plus de 5000 personnes. Aujourd’hui encore la municipalité ne sait plus quoi faire de cet encombrant vestige de l’histoire. Ce lien avec les fantômes du passé donne à réfléchir pour la suite du périple … nach Berlin.

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Binz